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Some strange

27 juin 2009

Chez John

C'est la pluie qui me réveille ce matin là, gueule bois, quelques souvenirs rocambolesques percent le voile sombre du trou noir; Mais qu'est ce que je fous ici ?

Je me lève illico de ce vieux canapé jonché de cadavres de bouteilles en tous genres, trempé par la bruine qui tombe sur ce jardin parisien. 

Tour d'horizon : personne en vue, la porte fenêtre donnant sur la maison est ouverte, le jour vient à peine de se lever, il ne doit pas être 8 heures.

Je traverse une piaule, trois corps inertes sont lovés sur le lit, deux autres sont allongés par terre, ma tête tourne tellement que je crois une seconde me trouver face au radeau de la méduse. L'un d'eux bouge à peine lorsque je cogne  la chaise qui traine en plein milieu, apparemment la soirée s'est mieux terminée pour certains.

Je fini par trouver la cuisine, mon inspection me confirme qu'il n'y rien à se mettre sous la dent, j'allège tout de même le frigo d'une bière fraiche que je dépucelle immédiatement. L'horloge du four confirme qu'il est bien 8h12. Un coup d'eau sur le visage, je récupère ma veste, un paquet de Marlboro qui traine sur la table et je met les voiles... Putain d'appart.

Après une demie heure d'érrances infortunes dans ce méandre de rues je retrouve enfin le lit de la Seine au niveau de la gare d'Austerlitz. La pluie continue de tomber, je transpire ma cuite de la veille, ma tête va exploser, c'est finalement en croisant trois clodos endormis sous un portique qu'enfin je me demande : "mais ou tu vas comme ça". Je constate qu'inconsciemment j'ai pris le chemin qui mène tout droit à la case John.

Me voila donc parti pour réveiller ce vieil enfoiré, j'enfile Ledru-Rollin, la roquette et Menilmontant. Puis je me tape les 5 étages de l'escalier branlant qui mène a son berzingue du 20 ième. Je frappe à la porte pendant au moins 10 minutes avant de saisir qu'elle n'est pas fermée; je l'ouvre sur un décor familier, somme toute, c'est ce que j'appelle un beau bordel.

Une rousse d'une quarantaine d'année me regarde d'un œil hagard depuis le canapé et me déclare d'une voix rauque : "C'est toi le connard qui fait tout ce bordel".

Je sais pas si c'est parce que c'est la première personne à m'adresser la parole depuis mon réveil, sa pause aguicheuse sur le canapé en cuir noir du pote John, ou ses grands yeux bleus si contrastés avec sa crinière presque rouge, mais je ne peux m'empêcher d'accrocher avec cette vieille vamp sur le retour.
Je répond à ses vociférations par mon plus grand sourire, et je me met en quête du père John tout en immaginant que je pourrai m'occuper de la rousse plus tard, d'ailleurs elle ne m'a pas attendu, je l'entend déjà ronfler au moment ou je passe le canapé en enjambant les bouteilles vides souillées de mégots qui s'entassent par là.

Je me dirige vers la chambre de John; en souvenir d'une vieille rancœur, je frappe pas, j'ouvre, j'entre ...

J'ai du mal a retenir mon cri, "Et merde..."

 

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